Coronavirus : l’analyse de sociétés de gestion

Coronavirus : l’analyse de sociétés de gestion

Après la forte réaction des Places boursières le 24 février dernier et les jours qui ont suivi, Assurancevie.com vous propose un tour de table de spécialistes des marchés financiers. Comment analyser l’affolement des investisseurs ? Quelles pourront être les conséquences de l’épidémie sur la croissance économique ? Voici des éléments de réponse.

Les marchés actions ont connu le lundi 24 février 2020 une correction brutale et généralisée, avec un recul de 3% à 4% pour la plupart des principaux indices. En parallèle, les valeurs refuges, telles que l’or et les obligations des pays jugés « sûrs » comme les États-Unis et l’Allemagne, ont été fortement recherchées.

Ce mouvement de panique, qui a perduré les jours suivants, impose de faire le point, en compagnie d’une poignée de 5 sociétés de gestion.

Oddo BHF Asset Management

« Au cours des dernières semaines, les marchés du monde entier ont été secoués par les craintes de propagation croissante d’un nouveau type de coronavirus parti de Chine. Les mesures massives adoptées par le gouvernement chinois pour contenir l'épidémie devraient entraver provisoirement la croissance économique du pays. Mais de nombreux investisseurs redoutent des conséquences plus graves.



(…) Malgré toutes les incertitudes qui peuvent exister à cet égard, on peut vraisemblablement attendre une évolution similaire de la croissance en 2020. L'économie chinoise devrait nettement ralentir pendant les premiers trimestres de cette année. En effet, la consommation diminue en raison des restrictions des contacts sociaux et des assignations à domicile imposées afin d’empêcher toute contamination, la production des entreprises décroche et les investissements sont reportés à cause du climat d’incertitude générale. Les conséquences du nouveau coronavirus sur le secteur du tourisme sont visibles dès aujourd’hui. Les réservations d’hôtels sont annulées, les avions sont cloués au sol. L'épidémie affectera non seulement les actions des compagnies aériennes et des groupes hôteliers, mais également celles des banques, des assurances et des secteurs économiques entretenant des liens importants avec la Chine. Avec la mondialisation, les chaînes de valeur internationales sont particulièrement étroites entre les États-Unis et la Chine dans le cadre de la fabrication des produits électroniques. Les actions des fabricants d’articles de luxe subissent également de nombreuses pressions depuis l’apparition du coronavirus en raison de l’importance grandissante de la Chine dans ce secteur.

Comme lors de l'épisode du SRAS, la croissance de la Chine devrait bénéficier d’un effet de rattrapage au cours des trimestres qui suivront l’accalmie de l'épidémie, à la faveur de la réouverture des magasins, des achats que les consommateurs auront reportés et des opérations mises en attente par les investisseurs. Dans ce contexte, nous considérons que notre portefeuille actuel, largement diversifié, dispose d'un positionnement adéquat. Il nous paraît judicieux de ne pas encore renforcer nos positions en actions tant que le nombre de cas recensés de coronavirus n’est pas en baisse, ou au moins stabilisé. »

Source : ODDO BHF Asset Management, extrait du flash info ODDO BHF Polaris Balanced du 25/02/2020

Lazard Frères Gestion

« Jusqu'à ces derniers jours, les cas de COVID-19 semblaient concentrés dans la province du Hubei et en Chine, et une baisse graduelle du nombre de nouveaux cas était visible. C'est encore le cas pour la Chine mais la multiplication des foyers de contagion sur les derniers jours, principalement en Corée du Sud et en Italie, constitue un changement de dimension dans l'épidémie. Par ailleurs, certains éléments laissent envisager une durée d'incubation plus longue que ce qui était initialement estimé et donc un risque de mauvaises surprises liées à de nouvelles contagions.

Selon nous, le scénario le plus probable reste celui d'un choc transitoire suivi d'une reprise d'autant plus forte que cette crise amènera sans doute des mesures de relance en Chine et repoussera la normalisation des politiques monétaires ailleurs. Néanmoins, la durée de perturbation de l'activité économique risque d'être plus longue que ce que l'on pouvait espérer il y a quelques jours et le niveau d'incertitude est plus important. »

Source : Lazard Frères Gestion, extrait du flash info du 24/02/2020

Edmond de Rothschild Asset Management

« (…) Les craintes de récession dues à une éventuelle mise à l’arrêt de l’activité sont la principale cause de cette forte baisse des marchés. En effet, des mesures de quarantaine de précaution, similaires à celles imposées en Chine, font craindre un impact économique fort alors que la croissance économique européenne est faible et donc vulnérable. Il est important de remarquer que cette correction intervient après une forte période de hausse des marchés et que les valorisations sont au-dessus de leur moyenne historique. Si les marchés peuvent disposer d’un potentiel de correction à court terme, nous sommes d’ores et déjà 5% en deçà du plus haut récent de l’indice EuroStoxx. On observera aussi que les marchés obligataires ont plus fortement réagi que les actions, montrant une divergence de vue qui ne pourrait demander qu’à être corrigée.

À plus long terme, il s’agira pour nous d’évaluer l’impact de cette situation sur la croissance économique et sur les entreprises, ce qui en l’état apparaît périlleux vu le manque de recul et le développement de l’épidémie. Indubitablement, l’environnement de taux et de liquidité ne peut que rester hyper-accommodant, ce qui apportera un certain soutien aux prix des actifs. Mais dans un choc d’offre, le soutien de la demande présente le risque d’être inopérant dans un premier temps. En d’autres termes, la question est de savoir si nous sommes face à un choc d’ordre structurel affectant la demande et l’offre, ou à un phénomène transitoire, lequel aboutirait à une reprise rapide en forme de V ne remettant pas en cause notre scénario d’investissement. Les publications économiques et des résultats des entreprises seront donc particulièrement suivies dans les semaines et mois à venir ! (…) »

Source : Edmond de Rothschild Asset Management, extrait du flash spécial du 25/02/2020

La Financière de l’Échiquier

« (…) En Chine, la consommation et la production sont en nette baisse. Aux États-Unis, l’enquête sur l’activité économique dans le secteur des services (dont le transport et le tourisme) a plongé sous le niveau de 50, c'est-à-dire en zone de contraction. En zone euro, le ralentissement est pour le moment moins clair, mais il semble difficilement évitable.

Les banques centrales vont-elles intervenir ? Très probablement. Tout risque de ralentissement brutal de l’activité économique est attentivement suivi par les banques centrales. Mais pour l’instant, aucune mesure n’a été annoncée. Les réunions de la Fed (Réserve fédérale américaine) et de la BCE (Banque Centrale Européenne) auront lieu mi-mars. D’ici-là, des mesures pourraient être suggérées à demi-mot dans les discours des banquiers centraux, mais il faudra sans doute patienter au moins trois semaines, ou davantage, avant que des mesures puissent être officiellement prises.

(…) Les secteurs du luxe, des transports et du tourisme sont les plus touchés. Les secteurs cycliques, ou fortement importateurs de produits chinois (électronique notamment) le sont aussi.

(…) La correction de marché se produit sur fond d’un rallye très soutenu depuis plusieurs mois. Les marchés étaient donc particulièrement vulnérables. Et si la diffusion du virus prend un tour incontrôlable, les dégâts économiques pourraient être sérieux. Il est donc logique que les marchés corrigent. À nos yeux, la correction pourrait donc continuer quelque peu. Par la suite, tout dépendra de deux facteurs : la propagation du virus et les mesures associées d’une part, et la réaction des institutions d’autre part.

Si le premier facteur est pour nous impossible à prédire, le second l’est bien davantage. Les banques centrales feront tout pour faciliter les conditions financières des États, des entreprises et des consommateurs en difficulté. Les États eux-mêmes, soutenus par les banques centrales, pourront prendre des mesures d’exception pour soutenir l’économie, par exemple des reports ou crédits d’impôts sur les entreprises (mis en place en Chine, évoqués en Italie). Cela soutiendra le marché et l’économie après une première vague de tension.

Mais il est vrai qu’à court terme, le marché pourrait continuer à être volatil. Nos gérants essaient d’en tirer parti, en achetant des valeurs de qualité dont le prix a fortement baissé pour certains, en investissant une partie de leurs liquidités pour d’autres, ou encore en ajustant l’exposition actions dans certains fonds, les fonds flexibles notamment… Il nous semble donc judicieux de composer avec la volatilité à court terme pour tenter de tirer profit des mesures à moyen terme qui, selon nous, ne sauraient manquer d’être prises par les institutions financières des principaux États occidentaux et par la Chine. Patience et mobilité. »

Source : La Financière de l’Échiquier, extrait du flash marché du 25/02/2020

Fidelity International

« (…) Si l'impact est aussi grave que certains le craignent, les attentes de soutien monétaire et même fiscal tempèrent des interprétations trop pessimistes. Si 2019 nous a appris quelque chose, ce n’était pas de sous-estimer la capacité et la volonté des banques centrales à intervenir, même si la dernière annonce de la Fed (Réserve fédérale américaine) était moins conciliante que celle de l’année dernière à la même période.

(…) Dans ce contexte d'incertitude lié à l'impact économique potentiel du Coronavirus et de banques centrales accommodantes, les investisseurs doivent faire la distinction entre participer à un rallye porté par les banques centrales et conserver une protection à la baisse.

Les deux crises que nous avons connues jusqu'à présent cette année (tensions entre les États-Unis et l’Iran, puis le Coronavirus - NDLR) soulignent l'importance de construire des portefeuilles diversifiés entre régions et classes d’actifs. (…) »

Source : Fidelity International, extrait de l’Allocation mensuelle de février 2020

Mis à jour le 31/03/2020

01 44 76 87 60
Du lundi au vendredi de 9h00 à 18h30