Marchés financiers : pourquoi font-ils le yoyo ? Rédigé le 7/02/2018

L’indice américain, le Dow Jones, a perdu 666 points vendredi 2 février. Le lundi 5 février, il a chuté encore plus lourdement ,de 1 175 points. Cette correction des marchés financiers américains a entraîné dans son sillage les places boursières mondiales. Mais le 6 février, les marchés ont repris le chemin de la hausse… Pour quelles raisons les marchés sont-ils sous pression ? La parole est donnée aux experts.

Pour quelles raisons les marchés nous donnent-ils des sueurs froides ?

Après un début d'année en fanfare, les places boursières ont accusé une forte correction début février 2018. Plusieurs facteurs peuvent être invoqués :

Le fait générateur de la correction boursière provient des États-Unis. Outre-Atlantique on relève une hausse des salaires qui fait craindre une poussée de l'inflation et des taux d'intérêt. Les investisseurs redoutent alors des politiques monétaires moins accommodantes de la part des banques centrales.
Parallèlement, les taux longs se sont tendus : le taux 10 ans américain s'est envolé de plus de 20 points de base en quelques jours, entraînant notamment le taux 10 ans français au dessus de 1 %. Un rythme rapide qui prend de court les investisseurs.
Désormais de bonnes nouvelles économiques (les salaires augmentent aux États-Unis!)... sont de mauvaises nouvelles pour la Bourse qui craint une hausse de l'inflation, une hausse des taux d'intérêt... et un désengagement plus rapide que prévu des banques centrales.

La Financière de l’Échiquier, Olivier de Berranger, directeur de la gestion d’actifs : « Cette correction brutale trouve une partie de sa source dans le réajustement, notamment aux États-Unis, des attentes d’inflation, que nous évoquions dans notre stratégie de début d’année. La volatilité est de retour dans les marchés ! Les entreprises américaines ont décidé de reverser une partie des bénéfices de la réforme fiscale du Président Trump à leurs employés sous forme d’augmentations de salaires et de primes exceptionnelles.(…) Ces tensions salariales réveillent le spectre de l’inflation ». (Source : La volatilité des marchés est de retour dans les marchés, 6 février 2018)

Fidelity International, James Bateman, chief Investmen Officer (CIO), Gestion Diversifiée : « Nous assistons peut-être au signe le plus manifeste de la bonne santé des marchés financiers depuis longtemps. En effet, le rally boursier américain alimenté par les valeurs technologiques a tiré les valorisations à des niveaux hors de toute commune mesure. De plus, dans ce contexte économique favorable, particulièrement outre-Atlantique, l’anticipation d'une inflation durablement faible n’était plus tenable. Finalement, ce qui serait inquiétant, c’est de n’avoir eu aucune réaction de la part des marchés, alors même que le nouveau patron de la FED va devoir faire ses preuves En effet, en dépit de l’évolution récente des cours de bourse, les actions américaines affichent toujours un rebond de près de 50 % depuis le début 2016. Le repli actuel des marchés semble inhabituel car nous sommes devenus accrocs au faible niveau de la volatilité et aux bonnes statistiques économiques qui ont été positives tout au long de l’année 2017 à l’échelle mondiale ». (Source : Retour de la volatilité, une piqure de rappel pour les marchés, février 2017)

OFI AM, Jean-Marie Mercadal, Directeur Général Délégué en charge des Gestions : « Cette baisse a été déclenchée par le rapport sur l’emploi qui montre une accélération des tensions sur le salaire horaire, indiquant potentiellement un retour de l’inflation, « enfin », serait-on tenté de dire ! C’était en effet le but recherché des banques centrales, et notamment de la Fed. Ceci change potentiellement les perspectives sur les taux d’intérêt. Pour l’instant, 3 ou 4 hausses de 25 points de base sont attendues cette année, la première en mars. Cette correction intervient toutefois après un début d’année particulièrement positif à la faveur de flux d’investissement records. L’indice S&P 500 a ainsi gagné 5,6 % en janvier après avoir été jusqu’à + 7,5 %. Il s’agit de la plus forte progression pour un mois de janvier depuis 1997, et du 15e mois consécutif de progression ! Les actions européennes ont également progressé de près de 4 % en janvier, et les marchés émergents de l’ordre de 7 à 10 %... Cette bonne orientation se justifie aisément : les perspectives de croissance sont revues à la hausse et les indicateurs avancés économiques publiés depuis le début de l’année montrent que la dynamique est très bonne, un peu partout dans le monde. Ainsi, les estimations de croissance de bénéfices des entreprises sont révisées à la hausse ». (Source : communiqué de presse du 5 février 2018)

Keren Finance : « La croissance, qui a été un des moteurs au cours de l’année 2017, semble être bien partie pour s’accroître ou rester à des niveaux élevés, permettant une accélération de l’activité, une baisse du chômage et en conséquence un redémarrage de l’inflation par les pressions salariales. Au regard du taux de chômage encore important en Europe (8,7 %, pourtant au plus bas depuis 2009), et d’une inflation qui peine à redémarrer (1,2 % en 2017), et qui reste loin de l’objectif des 2 % de la BCE, l’Europe ne devrait pas subir de pressions inflationnistes à très court terme, ni de changement de sa politique monétaire. Aux États-Unis, qui restent le marché directeur, la situation est tout autre. En effet, cette partie du monde est nettement plus avancée dans le cycle de reprise, à tel point que la vigueur de la croissance ces dernières années a permis un réduction massive du chômage permettant actuellement une situation de plein emploi génératrice de tensions sur les salaires et donc potentiellement d’inflation. Cette dynamique a généré ces dernières semaines, une repentification de la courbe des taux longs US et par capillarité européens, installant de nouveau un climat très incertain sur les marchés. Ces derniers, fonctionnant toujours par anticipations, redoutent que le dynamisme actuel ne pousse les banquiers centraux (États-Unis en tête) à accélérer la normalisation de leur politique monétaire, rendant le coût de l’argent plus élevé, ce qui à terme impactera les entreprises et donc la croissance. Ceci pousse actuellement les taux longs à s’apprécier générant des tensions sur les marchés obligataires et actions ». (Informations mensuelles Keren Finance - 7 février 2018)

Que faut-il envisager pour la suite ?

Les investisseurs s'étaient habitués dernièrement à une quasi-absence de volatilité. De ce fait, la violente correction enregistrée début février a ravivé les craintes et la notion de risque pour les investisseurs. Pour autant les conditions ne sont pas réunies pour subir un véritable krach. Les professionnels mettent en avant la solidité économique. Ils ne remettent pas en cause leurs anticipations, notamment parce que les entreprises publient des résultats positifs.

La Financière de l’Échiquier, Olivier de Berranger, directeur de la gestion d’actifs : « Au-delà d’un régime de volatilité plus élevé, cet épisode remet-il en cause notre scénario 2018 ? Pas encore. La vigueur du cycle économique mondial et sa synchronicité ne devraient pas pour l’heure être remises en cause par cette correction boursière. La dynamique des publications des entreprises, véritable juge de paix des valorisations boursières, ne se dément pas. Sur le quart des entreprises américaines ayant publié leurs chiffres trimestriels, 81% ont dépassé le consensus, une surperformance inédite depuis 10 ans ». (Source : La volatilité des marchés est de retour dans les marchés, 6 février 2018)

Quelles stratégies financières ?

Fidelity International, James Bateman, Chief Investmen Officer (CIO), Gestion Diversifiée : « Plusieurs secteurs du marché actions présentent des fragilités, mais pas au point d’entraîner le marché dans une tendance baissière généralisée. Nous restons positionnés sur les actions tout en privilégiant et en achetant sur repli les segments « value » du marché. Nous évitons également les titres dont le dividende n’est pas garanti par des flux de trésorerie soutenus et un bilan robuste. En effet, la quête de rendement n’a pas seulement tiré à la hausse les actions versant des dividendes élevés, elle a complètement remis en cause les business models de certaines entreprises. Cette situation justifie la mise en place d'une gestion active lors des dernières phases du cycle. Maintenir ce cap alors dans un contexte de volatilité accrue ne sera pas une tâche aisée, mais au stade actuel du cycle, c’est en gardant son sang-froid que l’on peut générer des gains ».

La Financière de l’Échiquier, Olivier de Berranger, directeur de la gestion d’actifs : « L’économie mondiale étant en phase de normalisation, la remontée des taux longs est inéluctable et apportera son lot d’épisodes de forte volatilité. Cependant, depuis la crise de 2008, les banques centrales se sont dotées de tous les outils pour en piloter le rythme et l’ampleur. En tant qu’investisseurs en actions, nous sommes habitués à ces séquences de doute, qui, bien que pénibles à vivre, encouragent encore et toujours la sélectivité et le choix de valeurs ». (Source : La volatilité des marchés est de retour dans les marchés, 6 février 2018)

OFI AM, Jean-Marie Mercadal, Directeur Général Délégué en charge des Gestions : « Les taux remontent pour de bonnes raisons (croissance, inflation, normalisation progressive des politiques monétaires) mais les mouvements de marchés sont trop rapides et créent des perturbations. Une poursuite de l’agitation actuelle et de la correction sont possibles et peuvent être violentes (flash krach). En revanche, nous pensons que ces phases devraient être mises à profit pour investir 5 (…). Les conditions globales macro et micro-économiques restent positives ».(Source : communiqué de presse du 5 février 2018).

Keren Finance : « Cette situation semble conforter notre stratégie obligataire, basée sur des investissements uniquement en obligations d’entreprises, des maturités courtes et en étant très sélectif. Cela nous permet de bénéficier d’un rendement embarqué encore appréciable, d’être moins sensible à une remontée de taux, de maîtriser notre risque crédit et si la hausse se matérialise sur le long terme, de pouvoir investir nos obligations étant arrivées à échéance dans de nouvelles émissions avec des taux plus élevés.
Quant aux fonds actions, étant investis dans des petites et moyennes valeurs, ils sont sensibles à la dynamique actuelle de croissance et profitent de sa globalisation. Pour autant, la volatilité semble enfin faire son retour, remettant la notion de risque au goût du jour
».(Informations mensuelles Keren Finance - 7 février 2018)

Mis à jour le 08/08/2022

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