Des marchés financiers déconnectés de la réalité ?

Des marchés financiers déconnectés de la réalité ?

Alors que l’économie mondiale est en pleine récession, les marchés financiers retrouvent des sommets grâce au soutien des Banques Centrales. Une « déconnexion » qui inquiète le FMI. Le Fonds Monétaire International met en garde les investisseurs contre le risque d’une « sévère » rechute des marchés. Assurancevie.com fait le point.

Article achevé de rédiger le 30 juin 2020

Risque de seconde vague de l’épidémie, reprise des tensions commerciales entre la Chine et les États-Unis ou pire encore, les prévisions économiques : rien ne semble perturber l’enthousiasme retrouvé des investisseurs. Aux États-Unis, le Dow Jones (indice phare de la Bourse de New York) a repris plus de 40% par rapport à son plus bas niveau de l'année, atteint le 23 mars dernier. De son côté, le Nasdaq (indice composé de valeurs technologiques) a franchi courant juin son plus haut historique.

Même constat dans l’Hexagone : fin juin, la Bourse de Paris flirtait avec ses niveaux de février 2019, au-dessus des 5 000 points après un rebond de 40% depuis mi-mars.

Les Banques Centrales en soutien

Une exubérance que ne partage pas le Fonds Monétaire International (FMI). Dans une note publiée fin juin, deux experts de l’institution ont décrit une déconnexion entre le niveau des places boursières et la réalité économique.

Et pour cause, pour ne pas laisser s’effondrer le système financier, les Banques Centrales déploient l’artillerie lourde : baisses des taux, rachats massifs d’actifs, voire même Helicopter Money (injections directes de liquidités auprès des ménages et/ou des entreprises).

(Lire aussi : À quoi sert la Banque Centrale Européenne ?)

À Francfort par exemple, la Banque Centrale Européenne a adopté, le 18 mars dernier (date du point bas annuel atteint par la Bourse de Paris) un programme de rachats d’obligations d’États et d’entreprises pour plus de 750 milliards d’euros. Un montant colossal porté quelques semaines plus tard à 1 000 milliards d’euros.

Aux États-Unis, la Réserve fédérale (Fed) est allée encore plus loin en annonçant le rachat d’obligations high yield (à haut rendement) ainsi que de prêts étudiants et de tout ce qui existe comme produits financiers à risque.

Objectif : maintenir des taux d’intérêts bas pour aider au financement des États et des entreprises et apporter des liquidités aux acteurs économiques.

Une correction sévère à venir ?

Revers de la médaille, dans un contexte de taux bas et de surliquidités, les investisseurs sont incités à prendre du risque pour doper le rendement de leurs placements.

Selon le FMI, ces derniers « semblent miser sur un soutien fort et durable des Banques Centrales », ainsi que sur une « reprise rapide » de l’économie.

C’est faire abstraction des prévisions du Fonds Monétaire International en matière de croissance.

L’institution basée à Washington table sur un repli de 4,9% de l’économie mondiale pour 2020 suivi d’une reprise de 5,4% seulement en 2021. Cette même année, l’économie mondiale devrait se situer environ 6,5% en dessous de son niveau prévu en janvier dernier.

Des chiffres qui corroborent les propos tenus par Jerome Powell. Mi-mai, le président de la Réserve fédérale américaine a annoncé que la reprise économique de la première puissance mondiale serait « plus lente que prévu », la pandémie entraînant faillites d’entreprises et licenciements.

Par ailleurs, les spécialistes du FMI rappellent que des risques demeurent : possibilités d’une seconde vague, nouvelles mesures de confinement, conflits géopolitiques ou encore mouvements sociaux.

À terme, une prise de conscience par les investisseurs que la récession puisse être « plus profonde et plus longue qu’attendu » pourrait les amener à « réévaluer les risques ».

Ce changement de paradigme entraînerait une « correction des prix des actifs à risque » et contracterait les conditions de financement, rendant « encore plus difficile la reprise économique ».

En conclusion, la note du FMI recommande aux autorités d’être « attentives aux possibles conséquences non désirées de leurs plans de soutien et de s’attaquer, une fois la reprise amorcée, aux vulnérabilités qui pourraient semer les germes de problèmes futurs et mettre la croissance en péril ».

Mis à jour le 08/07/2020

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