Bourses : comment expliquer la tension sur les marchés ?

  1. Charles-Henri Kerkhove
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Les marchés financiers ont reculé au mois d’octobre et se sont montrés très volatils. Quelles sont les raisons de cet emballement ? À quoi peut-on s’attendre à court terme ? Les réponses de Charles-Henri Kerkhove, directeur des investissements de l’équipe de multigestion chez Fidelity International, la société en charge de la gestion pilotée de nos contrats Puissance Avenir.

Quels sont les facteurs qui expliquent la forte volatilité sur les marchés financiers ces derniers jours ?
Charles-Henri Kerkhove : La récente période de forte volatilité ne peut s'expliquer que par un seul facteur mais par la conjugaison de bon nombre d'entre eux, à savoir :

  1. - l’arrêt des politiques monétaires expansionnistes auxquelles nous nous sommes habitués depuis la crise mondiale,
  2. - les tensions commerciales,
  3. - l'incertitude politique,
  4. - les craintes autour de la croissance mondiale,
  5. - et les niveaux élevés atteints par les valeurs technologiques américaines par rapport au reste du monde.

La hausse des taux d’intérêts de la part de la Réserve fédérale américaine augmente le coût de financement aux États-Unis et on pourrait bientôt voir s’éroder les résultats de certaines entreprises américaines. Ces mêmes entreprises qui ont bénéficié de baisse d’impôt décidées par le Président Donald Trump, qui ont eu de meilleurs résultats et qui ont fait grimper les marchés des actions américaines, loin devant le reste du monde.
Dans le même temps, les États-Unis commencent à réaliser qu'il faut financer ces baisses d'impôts et qu'il faudra peut-être pour cela des taux encore plus élevés. Parallèlement, le récent rapport de l'OCDE sur les principaux indicateurs pointe vers un ralentissement de la croissance aux États-Unis tandis que le Fonds Monétaire International (FMI) table lui sur un ralentissement de la croissance mondiale en voyant les tensions commerciales comme un obstacle majeur.
Tous ces facteurs ont contribué à la volatilité récemment observée en fort contraste avec la période précédente, marquée par un niveau de volatilité historiquement bas.

Quels sont à court terme les éléments qui pourraient inverser ou au contraire accentuer cette tendance ?
Charles-Henri Kerkhove : Des mesures de relance significatives de la part de la Chine couplées à un rythme plus lent en ce qui concerne le resserrement de la politique monétaire mondiale, sont autant de signaux positifs qui pourraient inverser la volatilité actuelle des marchés.

Ceci étant dit, si la hausse des salaires devait continuer et les prix du pétrole, déjà élevés, devaient à nouveau créer la surprise en touchant un nouveau plafond, la rentabilité des entreprises pourrait s'en ressentir. Cela pourrait contribuer à ralentir la croissance mondiale et accentuer le resserrement monétaire.
Quelles dispositions avez-vous prises dans le cadre de la gestion pilotée ? Avez-vous réalisé des arbitrages, et pourquoi ?
Charles-Henri Kerkhove : Si la récente baisse des marchés actions a fait parler d’elle dans la presse, elle n'a pas entraîné de bouleversement fondamental de notre vision globale ni de prise de position à court terme en réaction à cette volatilité.

Nous sommes restés relativement défensifs jusqu’à présent et nous étions donc plutôt bien positionnés par rapport à ces évènements.
Quelles sont vos perspectives pour les prochains mois ?
Charles-Henri Kerkhove : Nous n'avons pas constaté le double effet négatif : un ralentissement de la croissance et un resserrement monétaire. Cependant le scénario nous semble de plus en plus envisageable à l'avenir.

Notre indicateur exclusif, le « Fidelity Leading Indicator », qui anticipe la croissance mondiale, annonce toujours une « croissance inférieure à la tendance et en décélération » pour les prochains trimestres. Cependant, la dégradation semble se stabiliser. Et si la dynamique parvient à poursuivre son élan actuel, l'optimisme pourrait même éclore en 2019.

Mis à jour le 30/11/2018

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