Les ETF sur les rails du succès

  1. Jérémy Tubiana
  2. Responsable vente ETF – distribution France
  3. Lyxor ETF
Engouement croissant pour la gestion indicielle, adéquation des ETF/trackers avec l’investissement ESG (Environnemental Social et de Gouvernance), impact du Coronavirus, Assurancevie.com fait le point avec Jérémy Tubiana, responsable vente ETF – distribution France.

Interview achevée de rédiger le 11 mars 2020

Pouvez-vous nous expliquer le principe d’un ETF ? Quelle est la différence entre un tracker et un OPCVM traditionnel ?
Jérémy Tubiana : Les ETF sont des fonds cotés en Bourse. Ils partagent la même structure juridique que les fonds traditionnels : il s’agit d’OPCVM (Organismes de Placement Collectif en Valeurs Mobilières) réglementés et agréés par l’Autorité des Marchés Financiers.
C’est pourquoi ils sont éligibles au sein de toutes les enveloppes d’épargne, telles que l’assurance vie ou le PEA.

La principale différence entre un fonds ETF et un fonds traditionnel réside dans l’objectif de gestion. Un fonds ETF a pour objectif de répliquer, à la hausse comme à la baisse, les performances d’un indice boursier. On parle alors de « gestion passive ».
À l’inverse, un fonds traditionnel a pour objectif de surperformer un indice de référence. Il peut cependant le sous-performer. On parle alors de « gestion active ».

L’objectif de gestion d’un fonds ETF étant plus simple, ses frais courants sont près de 6 fois moins élevés qu’un fonds traditionnel. À titre d’exemple, sur la classe d’actifs actions, les frais de gestion courants d’un ETF sont de l’ordre de 0,35% en moyenne, quand ils sont de 2,06% sur un fonds traditionnel, selon un rapport du site Good Value for Money de mai 2019. Concrètement, un fonds ETF actions démarre l’année avec en moyenne 1,71% de frais en moins et donc de performance en plus.
Quelle est la taille de ce marché (en Europe) à fin 2019 ?
Jérémy Tubiana : Au 31 décembre 2019, le compteur affichait près de 870 milliards d’euros d’encours sur le marché européen. Cela représentait 17% de la gestion d’actifs en Europe.
Après une année record avec 100 milliards d’euros de collecte (soit une augmentation de 40% des encours), on observe un démarrage très fort sur 2020 avec déjà plus de 930 milliards d’euros d’encours sous gestion à la mi-février.
La part du segment ESG a augmenté de manière significative avec 16,5 milliards d’euros de collecte.
Comment expliquez-vous l’attrait croissant des investisseurs pour les ETF ?
Jérémy Tubiana : Rares sont les gérants qui arrivent à battre durablement leur indice de référence. Ainsi, les investisseurs préfèrent être certains d’obtenir la performance d’un indice grâce à un fonds ETF plutôt que de prendre le risque de le sous-performer. Selon l’étude de l’équipe Cross Asset de Lyxor, en 2018, seuls 24% des gérants actifs ont battu leur indice de référence sur un an. Sur 10 ans, ils étaient 36% à surperformer leur indice de référence.

Par ailleurs, les Français sont de plus en plus préoccupés au sujet du financement de leur retraite et portent donc une attention particulière à leur épargne dans un contexte où les rendements des fonds en euros ou des livrets affichent des performances nettes d’inflation faibles voire même négatives. Les épargnants recherchent donc des solutions d’investissement plus simples à comprendre, plus transparentes avec des frais qui ne détruisent pas de performance sur le long terme.

Enfin, le marché européen des ETF comble progressivement son retard par rapport au marché américain. Outre-Atlantique, la part de marché des ETF est détenue à plus de 50% par des investisseurs particuliers alors qu’elle n’est que de 10% sur notre continent. Ce qui laisse à penser que la marge de progression des ETF est encore importante.
Quel est l’intérêt d’allier trackers et assurance vie ?
Jérémy Tubiana : L’assurance vie est l’enveloppe d’épargne préférée des Français car elle donne accès à un fonds en euros garanti en capital. C’est aussi une enveloppe d’épargne liquide, ce qui signifie que les capitaux investis ne sont pas bloqués. Par ailleurs, c’est un véritable outil d’optimisation fiscale, tant au niveau de la transmission successorale que sur les plus-values.

Mais l’environnement actuel de taux bas ne favorise pas la collecte sur le fonds en euros comme c’était le cas historiquement. D’un côté, la rémunération de ce support a baissé de plus de 50% en pratiquement 10 ans, passant de 3,40% en 2010 à près de 1,40% en 2019. De l’autre, plusieurs assureurs ont déjà annoncé restreindre l’accès à ce support, les épargnants devant ainsi se tourner en partie vers des unités de compte.

Par ailleurs, la durée moyenne de détention d’une assurance vie étant supérieure à 10 ans, des frais de gestion élevés sur les OPCVM peuvent détruire de la performance sur le long terme.

Les fonds ETF permettent ainsi d’investir à moindre frais sur tous les marchés : le CAC 40, les actions européennes, américaines… Ce sont des instruments transparents : on sait exactement à quoi on s’expose et à quel prix.
Leur simplicité est également un atout. La lisibilité de leurs performances est limpide : quand le CAC 40 augmente de 2%, l’ETF CAC 40 a pour objectif d’augmenter de 2% (corrigé des frais de gestion). Si le marché recule, l’ETF reproduira la performance à la baisse.
Par ailleurs, l’offre d’ETF est très riche. Il est ainsi possible d’investir sur des ETF présentant différents profils de risque.
Comment conciliez-vous gestion indicielle et prise en compte de critères ESG (Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance) ?
Jérémy Tubiana : Il est important de souligner qu’il est possible d’allier gestion passive et investissement ESG. C’est désormais un devoir pour les gérants « passifs » que de s'engager « activement » auprès des entreprises qu’ils détiennent, en particulier sur des sujets critiques qui favorisent la transition vers une économie décarbonée.

Lyxor ETF exerce rigoureusement ses droits de vote, contribuant ainsi à améliorer les performances et le comportement des entreprises dans lesquelles nous investissons pour nos clients. Notre objectif ? Encourager les pratiques d'investissements durables et atténuer le risque auquel les entreprises font face au niveau de leurs choix stratégiques. La politique que mène Lyxor en tant qu’actionnaire engagé est révisée annuellement. Les politiques de vote ainsi que les rapports sont disponibles sur le site internet de Lyxor.

L’an dernier, nous avons ainsi rencontré 41 entreprises, analysé 2 637 propositions et voté lors de 208 assemblées générales. Grâce à la pratique rigoureuse des droits de vote, les détenteurs d'ETF peuvent donc être de véritables actionnaires actifs. En tant que seul véritable fournisseur d’ETF paneuropéen, avec 100% de nos équipes et de nos gestionnaires de portefeuille basés en Europe, nous pouvons être la voix européenne de l'industrie passive, en y apportant une vision européenne de l’exercice du vote, et en mettant fortement l’accent sur la façon dont la valeur est répartie entre les différentes parties prenantes. Cela nous confie une responsabilité unique chez Lyxor, que nous sommes plus que disposés à embrasser.

Second point d’importance, la transparence. Chez Lyxor ETF, l’équipe en charge de l’investissement responsable propose un compte rendu régulièrement mis à jour de divers indicateurs de mesure. Le but : aider les investisseurs à mesurer l’impact de l’activité des entreprises concernées. Ce rapport est disponible en libre accès sur le site internet de Lyxor ETF.

De plus, l’offre d’ETF labelisés s’est fortement développée, dans le but de répondre à une demande croissante et à la volonté de Lyxor ETF de guider le secteur vers cette transition. Nous avons développé une large gamme d’ETF durables : sur le segment actions, 5 ETF ESG sont disponibles. Ils offrent des expositions géographiques très variées. L’objectif de ces indices : répliquer, à la hausse comme à la baisse, des indices conçus pour identifier les entreprises présentant un solide profil ESG. Nos fonds « Trend Leaders » récompensent également les entreprises qui ont réussi à améliorer leur note ESG par rapport à l’année précédente. Nous avons par ailleurs développé une gamme d’ETF thématiques permettant d’investir sur l’eau, les nouvelles énergies et l’égalité hommes/femmes.
Les inquiétudes autour du Coronavirus ont-elles grippé la collecte sur les ETF en ce début d’année ?
Jérémy Tubiana : La collecte est globalement croissante sur l’ensemble des classes d’actifs depuis le début de l’année. L’aversion au risque causée par le Coronavirus a eu un impact visible à travers le ralentissement de la création de nouveaux actifs sur les actions chinoises mais l’impact reste limité et les actions émergentes monde ont continué d’attirer des investisseurs.

En revanche, la propagation de l’épidémie a fait déclencher les sonnettes d’alarme et a précipité les retraits des investisseurs sur les actifs à risque pour mettre fin à une impressionnante période de hausse. Ainsi, les principaux marchés financiers à travers le monde sont entrés en correction.

L’Europe et l’Asie sont les expositions les plus touchées par la décollecte sur le segment actions, viennent ensuite les ETF sur les États-Unis et les marchés émergents. Enfin les expositions monde voient leur collecte ralentie mais sont toujours dans le vert pour l’instant. Les ETF obligations ont connu un début de mois très positif à travers l’ensemble des segments d’exposition. Cependant, on observe désormais une décollecte massive et ciblée sur les obligations d’entreprises et à haut rendement. Pour les obligations d’États, le bilan est mitigé : poursuite de la collecte sur les bonds du trésor Américain, léger ralentissement pour l’Europe et le reste des pays développés et décollecte limitée pour les marchés émergents. Ainsi, on voit bien une migration des flux en défaveur des segments considérés comme les plus risqués.
Quelles perspectives envisagez-vous pour 2020 ?
Jérémy Tubiana : Les épidémies virales se développent de manière imprévisible et il peut y avoir davantage d’imprévus au cours des semaines et des mois à venir. L’attention se porte désormais sur la capacité des économies développées à contenir le Coronavirus et ce que cela signifie pour l'impact ultérieur sur l’économie. Une vague de baisses de taux et d'autres mesures d’ajustements monétaires ont commencé en Asie et de nouvelles mesures politiques visant à soutenir l'activité sont attendues dans les prochaines semaines. Nous pensons que l'impact économique négatif devrait être limité dans le temps. Les arrivées de visiteurs et les ventes se sont stabilisées dans les trois mois suivant la maîtrise de l'épidémie de SRAS. L'histoire du SRAS et d'autres épidémies de grippe en Asie suggère que les baisses de marché peuvent représenter une opportunité d'acheter des actifs risqués à prix réduit.

AVERTISSEMENT : Les unités de compte comportent un risque de perte en capital. Il n’existe pas de garantie en capital des sommes investies sur ces supports. L’assureur ne s’engage que sur le nombre d’unités de compte mais pas sur leur valeur. La valeur de ces unités de compte n’est pas garantie mais sujette à des fluctuations à la hausse ou à la baisse, dépendant en particulier de l’évolution des marchés financiers.

Mis à jour le 20/03/2020

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